Mardi au parc [PV Andrew]

Ella avait eu un week-end délirant : en raison de l'absence imprévue d'une collègue dont le père avait fait une crise cardiaque, la pédiatre s'était retrouvée de garde à l'hôpital, après une semaine pleine de boulot. Evidemment, elle avait été volontaire pour ça, dès son arrivée à Whistler : tant que ses parts à Regina ne seraient pas vendues, sa situation financière resterait précaire, et tout ce qui pouvait contribuer à l'améliorer était bienvenu. Quoiqu'il en soit, elle avait enchaîné les heures, heureusement tranquillisée par le fait que Jaimie ait pu être gardé à la crèche de l'hôpital, et profitait aujourd'hui du fruit de son effort : au lieu de travailler à l'hôpital comme elle le faisait chaque mardi depuis son installation à Whistler, on lui avait accordé sa journée. Ce matin, Jaimie et elle s'étaient levés tard, tous les deux : pour son fils, cela signifiait autour de 7h30, pour elle, plutôt 9h. Elle avait pris le temps de faire des pancakes arrosés de sirop d'érable, et de presser des oranges, avant que Jaimie et elle passent une partie de la matinée à jouer au playmobil.
Et cet après-midi, après des burgers maison - une version ultra-saine, donc, mais qui avait tout de même fait bondir de joie son fils - Ella avait proposé à Jaimie d'aller se promener au parc Stanley, le plus grand de Whistler. C'était une journée de printemps plus chaude que la saison l'aurait voulu, et Jaimie sautait tout autour d'elle, impatient d'arriver à l'aire de jeux du parc. Il faut dire qu'avec ses toboggans, ses balançoires, et même sa tyrolienne, le lieu avait de quoi réjouir le plus difficile des enfants. Gabriella, pour sa part, s'était munie d'un livre et d'un chapeau, mais également d'un ballon pour jouer avec Jaimie et, tandis que son fils courait vers les jeux géants, la nouvelle maman s'installa sur un banc, un sourire aux lèvres qui disparut bientôt : elle ne pouvait pas voir arriver au bout du chemin, de l'autre côté de l'aire, celui qu'elle pensait voir ...

Andrew commençait vraiment à prendre ses marques dans sa nouvelle vie. Le boulot, l’hôpital, ses collègues, la ville, les magasins, ses habitants... Son immeuble, ses voisins avec lesquels il avait quelque peu parlé dans le hall. Il avait été contraint de s’excuser auprès des personnes qu’ils croisaient au sujet de hurlements qu’avaient poussé les jumeaux toute une nuit. Heureusement, il s’agissait d’un immeuble suffisamment bien fait avec une isolation du tonnerre, si bien que finalement, et malgré les hurlements de deux bébés énervés, les voisins n’avaient finalement pas eu à se plaindre. Pas même le couple pète sec qui vivait au dernier étage. La jeune femme avait regardé les jumeaux avec un air attendri tandis que son mari, lui, leur avait jeté un œil presque terrifié. Peut-être craignait-il que son épouse, clairement enceinte, lui fasse la mauvaise surprise d’en accoucher de deux !
Ce n’était pas vraiment le problème de Drew tout cela, et d’ailleurs, ça l’avait même fait sourire. Donnerait-il tout ce qu’il avait pour revivre les tous premiers mois des enfants ? Non... Non, à quelques détails près. Ce qui lui manquait le plus n’était pas les régurgitations et les réveils toutes les quatre heures mais bien la présence d’Ella.Sa meilleure amie à laquelle il avait fait tant de mal sans réellement, et ce, encore aujourd’hui, réellement comprendre mais en acceptant ses torts.
Le jeune papa avait bien cru que les choses s’arrangeaient pour le mieux entre eux et elle était partie. Pour lui, cela lui avait semblé se passer du jour au lendemain. Il l’avait perdue et il n’était pas le seul. Les jumeaux lui « parlaient » souvent d’elle, demandant à leur père où pouvait bien se trouver Ella.
Voilà pourquoi, lui aussi et tout comme son amie, presque du jour au lendemain, il avait demandé sa mutation. Il avait eu une chance inouïe de trouver aussi rapidement et où il le voulait une place. Le destin semblait vouloir les rapprocher et ce n’était pas la situation d’aujourd’hui qui allait le persuader du contraire.
Alors qu’il s’avançait afin de trouver une place pour s’installer et pouvoir surveiller les enfants au mieux, il vit, au loin puis de plus en plus près alors qu’il s’avançait, celle qu’il avait suivie à travers le pays sans qu’elle n’en sache rien.
Il ne stoppa pas son avancée et ayant bien remarqué qu’elle le regardait, il se persuada qu’elle l’avait reconnu.
Il continua, les enfants dans leur poussette. Les enfants, qui, alors qu’il n’était plus qu’à quelques mètres d’elle, se mirent à crier :

_ « Ella ! Ella !! Papa ! Ella !! » Voilà, le contact était établi... Pour le reste, il ne trouva rien de mieux à dire et faire que :

_ « Pour une surprise... » suivit d’un sourire.
Cette réplique était débile ? Mais en même temps, que faisait-elle dans un parc comme celui-ci ? Oui, il s’agissait bel et bien d’une surprise !

Ella n'avait pas eu l'opportunité de voir Jaimie s'approcher de la tyrolienne, un peu craintif, avant de s'élancer ; à des kilomètres de son inquiétude habituelle, qui l'amenait à veiller sur son fils à chaque seconde, elle ne le regardait plus depuis quelques secondes. Ses yeux étaient fixés sur une des allées qui débouchaient sur l'air de jeu, essayant de définir si oui ou non son esprit lui jouait des tours. Cet homme, accompagné de deux enfants qui gambadaient maladroitement, ressemblait bien trop à Andrew pour que ce ne soit pas lui. Mais que faisaient-ils là, tous les trois ?
Fut une période, Gabriella avait cru qu'Andrew et elle avaient un avenir ensemble, avec les enfants d'Andrew. Elle avait fait de jolis rêves, quand D et elle s'endormaient dans le lit de D, après s'être occupés des jumeaux qui ne voulaient pas s'endormir. Mais rien n'était venu, hormis une déception qui aujourd'hui encore lui serrait le coeur quand elle regardait la photo d'eux quatre, précieusement cachée dans son porte-feuille, juste derrière celle de Jaimie et elle. Et maintenant, ils étaient là ?
Impossible de se tromper, tandis qu'ils approchaient tous les trois, et qu'Ella distinguait maintenant clairement deux petites voix piailler son prénom. Ils ne parlaient pas quand elle les avait quittés ! Encore quelques secondes, et Drew se trouvait maintenant à sa hauteur. "Surprise" ... le mot était faible. "Andrew ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? Qu'est-ce que vous faites là tous les ..." Jaimie venait de la rejoindre en courant, pour se jeter dans ses bras. "J'ai fait la corde ! T'as vu ?" "Bien sûr. Je suis très fière de toi. Tu as été courageux." La vérité ? Ella n'avait rien vu, et n'en avait même pas honte. Elle avait été trop surprise par autre chose. Mais quand son fils se serra contre elle, elle embrassa sa tempe. Son fils. A elle. "C'est qui, dis ?" "C'est Andrew, un de mes amis. Et là ce sont ses enfants, Alicia et Alexander." "Il est à l'hôpital aussi ?" "Non, Andrew habite à Regina, là où j'habitais avant de te rejoindre. Drew, je te présente Jaimie. mon fils." Ce qu'elle se sentait fière de le dire !

Ella avait tout plaqué, du moins c’est ce qu’il croyait, à cause de lui.
Andrew s’était mis en tête qu’elle était partie le plus vite possible pour « lui échapper ». Fuir la douleur qu’il lui avait infligée.
Maintenant et au vu de la scène qui allait suivre, ce n’était peut-être pas que cela. Tout quitter pour se retrouver sans rien ? De toute évidence, non. Elle avait l’air très en forme et son... Fils aussi. Elle était partie et avait adopté un enfant. Un enfant. Elle était maman.
Coup d’œil rapide à sa main gauche, non, pas d’alliance ou de caillou la liant à un pauvre diable que le psychiatre aurait très certainement eu envie d’égorger par pure et simple jalousie.
Elle était surprise de le voir ? Lui aussi. Enfin... Pas de la voir elle, mais ce n’était pas la même chose pour le petit garçon qui se pendait à son cou. Les jumeaux eux aussi faisaient la moue.
S’ils ne parlaient pas au départ de leur Lala, à présent, ils avaient un vocabulaire assez fourni. Drew n’avait cessé de leur parler de Lala, Ella et les enfants avaient une mémoire en très bon étant de marche, la preuve, ils avaient immédiatement reconnu leur... Certainement pas nounou. Pas non plus tata... Leur Lala.
Le médecin n’avait pas eu le temps de répondre à la question de son amie car Jaimie, le fils, les avait interrompus alors qu’Alicia tentait le tout pour le tout pour parvenir à se détacher de son père et s’approcher d’Ella.

_ « J’ai été muté alors on a déménagé. Nous ne vivons plus à Régina désormais. » Rester calme et ne pas montrer son étonnement, difficile. Heureusement que sa fille faisait des siennes et lui permettait de ne pas trop se concentrer sur le fait qu’Ella était maman.

_ « Tu... Lys, tu permets ?! Calme toi ! – Je disais... Hum... Depuis combien de temps tu... Tu es maman ? » C’était une question tellement étrange !
En temps normal on demandait l’âge du petit et c’était réglé mais là... Oh, il avait complètement oublié :

_ « Non, attends, ne réponds pas. D’abord et avant toute chose : Félicitations ! C’est formidable. Je suis très content pour toi. Pour vous ! » Mais oui ! Quel idiot ! C’était ça qu’il aurait dû lui dire tout de suite !
Evidemment qu’il était heureux pour elle. Elle serait une mère parfaite. L’étonnement lui avait juste fait perdre le sens des convenances ! « Félicitations ! » C’était ce qu’il aurait tout de suite dû lui dire !

_ « Ravi de faire ta connaissance Jaime. Lys, Alex, vous dites bonjour. » Lys tourna la tête de l’autre côté et Alex, bien plus civilisé que sa sœur se mit à sourire en faisant coucou de la main.
La papa reposa sa fille à terre et lâche son fils pour qu’ils puissent aller gambader tranquillement sur l’aire de jeux pour les tout petits. Si le petit garçon fonça sans attendre son reste, la fillette, elle, têtue comme une mule s’avança vers Ella pour avoir son câlin, prenant soin au passage de pousser de toutes ses petites forces Jaimie. Une vraie teigne...  Il fallait tout de même dire qu’elle avait semblé beaucoup plus souffrir de l’absence de la pédiatre que son frère. Alicia s’était prise de passion pour Ella dès leur première rencontre et elle était aujourd’hui plus que ravie de revoir celle qu’elle considérait comme sa maman.

Sa propre surprise passée, Ella se dit que la situation devait être encore plus étrange pour Drew. Une part d'elle doutait d'ores et déjà qu'il puisse se trouver là par hasard; des vacances bien choisies, peut-être. C'était ce qu'elle espérait, il aurait fallu être hypocrite pour le nier. Mais si vraiment c'était le cas, si Andrew était venu pour elle, qu'allait-il penser en voyant Jaimie ?
Un ange passa d'ailleurs après qu'elle eut officiellement présenté son fils à celui qui était son ex-meilleur ami; il était clair que Drew ne s'était pas attendu à ça, pas plus qu'Ella ne s'attendait à ce qu'il répondit finalement à sa question sur ce qu'ils faisaient là. "Muté ? Ici ? Eh ben ça ..." Muté, c'était volontaire, ou pas ? Oh la la ... comme elle se sentait stupide d'un seul coup. Elle avait l'impression de revenir en arrière, à ce moment où elle avouait ses sentiments, et où il n'y répondait pas comme elle l'espérait. Elle avait encore tellement honte de s'être fait des idées. Tellement honte qu'il puisse être en train de penser, au même moment, qu'elle avait toujours des sentiments pour lui. Qu'il ait même pitié d'elle, peut-être.
Il fallait qu'elle s'accroche à autre chose, à ce qu'elle construisait ici. Sa propre vie, à elle. La sienne et celle de Jaimie, sur qui elle resserra un peu son étreinte, par réflexe. "Merci ! J'avais entrepris des démarches il y a un moment, et quand j'ai su pour Jaimie, je suis venue le rejoindre." Menton levé, voix décidée. Voilà. C'était mieux que la surprise. Plus facile aussi, parce que cette nouvelle vie, elle avait le sentiment de la contrôler. Ce qui lui échappait, la vie quotidienne avec un enfant, lui échappait parce qu'elle l'avait voulu. Elle y avait été prête à l'époque, avec Alex et Lys, mais aujourd'hui, les voir la mettait mal à l'aise. Elle avait l'impression de manquer de loyauté à Jaimie en reconnaissant que son coeur s'attendrissait devant les jumeaux, qui avaient tellement grandi. Elle aurait pu les aimer comme ses propres enfants, elle l'avait fait d'ailleurs, et désormais ... ses sentiments étaient ambigus. Sona mour pour eux était toujours présent, mais c'était à son propre fils qu'elle devait également penser, en priorité. Quand Alicia se dirigea néanmoins vers elle, elle la prit dans ses bras pour lui dire bonjour. "Je suis contente de te revoir, petite princesse." A côté d'elle, Jaimie s'était mis à chouiner, mécontent de s'être fait pousser. "Elle m'a fait mal maman !" "Viens dans mes bras mon grand. Alicia est plus petite que toi, elle ne se rend pas toujours compte. Et moi, j'ai des bras pour vous deux." Dans un câlin qui lui retourna le coeur, Jaimie se réfugia vers elle, en murmurant son prénom tout en la serrant aussi fort que ses petits bras le lui permettaient. "Et si tu disais bonjour à Andrew, mon chéri ?"

_ « Eh oui. » Muté, ici, oui. Pure coïncidence ? Certainement pas ! Drew avait expressément demandé à pouvoir être transféré à Whistler. Evidemment, si Gabriella n’était pas venu ici, jamais il n’aurait quitté Regina mais voilà, il s’était rendu compte que sans elle, rien n’était plus pareil et surtout, il était malheureux. Amie,
Amour... Il avait fini par comprendre. Ella n’était pas qu’une simple amie et s’il voulait la récupérer il devrait se battre et ça commençait par déménager. Ce serait d’ailleurs surement l’étape la plus simple dans cette reconquête de sa femme parfaite. Avec la présence de ce petit garçon à ses côtés, cela changeait la donne pour Andrew et les jumeaux. Ce serait donc peut-être plus difficile mais ce n’était pas pour inquiéter plus que cela le psychiatre. S’il lui fallait des années pour retrouver sa place dans le cœur de la pédiatre, alors, il serait patient.
Il n’allait donc pas s’étendre sur cette histoire de mutation. Un jour peut être lui expliquerait-il comment il avait réellement atterrit ici mais ce ne serait pas aujourd’hui. De toute façon, il y avait bien d’autres choses à aborder, selon lui.

_ « C’est génial. Je suis vraiment heureux pour toi, pour vous. Je sais à quel point tu aimes les enfants et tout ce que tu as à leur apporter. » Il l’avait vue avec ses petits et elle avait tout pour être la meilleure des mamans. Ce n’était pas pour rien qu’elle manquait tant aux jumeaux et pas pour rien non plus qu’elle avait également fait fondre le cœur de Drew. Non, il ne cherchait pas qu’une mère pour Lys et Alex, loin de là mais toutes les qualités d’Ella avaient fait qu’il avait complètement succombé.
Evidemment, Lys avaient ensuite fait des siennes. La petite jalouse/coquine voire peste parfois, oui, il pouvait le dire, c’était sa fille après tout, avait décidé de pousser Jaimie pour prendre sa place auprès de sa Lala.

_ « Alicia, tu dis pardon. » La petite fille s’était pliée à la volonté de son père à contre cœur et avait marmonné un pardon rapide. De son côté, son frère avait laissé faire. Bien plus facile à vivre que sa sœur et également plus timide, il s’effaçait plus ou moins toujours afin de la laisser mener la danse.
Les présentations furent ensuite faites entre le fils d’Ella et Drew. C’était un petit garçon super mignon, il fallait bien l’avouer. Déjà très proche de sa maman.
Andrew avait envie de demander ce qu’il s’était passé pour ses parents biologiques mais ce n’était peut-être pas le bon moment. Pas devant lui en tout cas. C’était un sujet parfois tabou et souvent difficile à aborder alors il n’allait pas dès leurs retrouvailles mettre les pieds dans le plat et mettre tout le monde mal à l’aise.

_ « Ça vous dérange si on va vers les jeux ? » Alex étant déjà en direction de ceux-ci, il n’avait pas envie de laisser sans surveillance.

_ « Vous vivez dans le centre-ville ? Je m’y suis un peu perdu en me baladant avec les jumeaux. Ça change de Victoria mais c’est très joli. Les gens sont sympas.... Enfin, sauf peut-être mon voisin du dessus ! » Le voisin du dessus oui. Plein de fric et pas très causant !

_ « Tu t’adaptes bien ? » Maintenant ses deux enfants jouaient dans le sable à portée d’yeux et de bras mais ils étaient plus libre pour tenter de briser la glace que Drew sentait malgré lui, ou non, entre eux.

A sentir son fils - son fils, à elle, rien qu'à elle, dont elle avait rêvé depuis si longtemps - Ella ne pouvait qu'être d'accord: ce qui lui arrivait était génial, oui. Les démarches avaient été longues, bien sûr, et parfois décourageantes, mais le résultat en valait tellement la peine. Chaque matin, quand elle allait réveiller Jaimie pour l'emmener à l'école, ou pour une journée passée à deux, elle remerciait le Ciel de la grâce dont elle bénéficiait.
Avec un sourire et un hochement de tête, Ella se plia bien volontiers à la demande d'Andrew de s'approcher de l'aire de jeux; elle se sentait malgré tout encore sous le choc de le retrouver là et, avec les enfants en train de s'amuser, elle espérait pouvoir reprendre définitivement contenance. Il faudrait les surveiller, bien entendu, mais ce serait sans doute plus simple. Elle attrapa donc la main de son fils, qui ne tarda pas à tirer sur son poignet pour pouvoir plutôt se sauver plus vite vers le toboggan, et surtout vers la petit tyrolienne que Jaimie appelait "la corde" et qui le comblait de fierté chaque fois qu'il surmontait sa peur. A côté de lui, Andrew marchait silencieusement, et laissa bientôt Alicia filer elle aussi. Voilà ... S'ils devaient discuter, ce serait maintenant, et peut-être cette discussion déciderait-elle de leur futur. Elle en revenait à peine de penser que Drew vivait maintenant ici, et qu'ils seraient amenés à se voir régulièrement. "Je loue un appart sur Lorimer Road, oui. C'est très sympa, mais un peu bruyant quand les touristes arrivent. Enfin, c'est ce que m'a dit une voisine, je ne suis pas là depuis suffisamment longtemps pour juger." Ce n'était pas un très gros problème de toute façon, puisqu'elle avait déjà constaté l'excellente isolation de son trois-pièces. La seule chose qui aurait pu l'en fait partir était le souhait de Jaimie d'une maison avec un jardin, mais pour l'instant il ne le demandait pas, et financièrement, elle ne l'aurait pas pu. Vivement que ses parts à Regina soient vendues, cela l'aiderait, et ce serait aussi tourner définitivement la page d'une vie passée qu'elle ne voulait plus aujourd'hui. "Et toi, tu as déjà trouvé à te loger, ou vous êtes encore à l'hôtel ?" Elle lui souhaitait que ce soit encore l'hôtel, s'il avait un voisin désagréable. "La vie est agréable ici... Il y a plus de travail que je le croyais, mais en même temps, les journées semblent moins longues. Il y a de l'animation, et les locaux sont vraiment sympathiques. Je ne sais pas si c'est le tourisme, ou au contraire s'ils se réjouissent de voir qu'on peut aussi choisir de s'installer de manière définitive là ..." Ella rit un peu, amusée de son propre trait d'humour. Mais vivre en station, en dehors de la période hivernale, était apparemment un choix pas si évident, que peu faisaient. Pourtant, véritablement, on se sentait bien à Whistler. "Depuis combien de temps vous êtes là ?"